Intelligence artificielle, art et créativité

Ce groupe de recherche porte sur les usages et les effets de l’IA dans le contexte des pratiques de création/écriture/production, individuelles (amateurs, artistes, collectifs) et industrielles. Quelles formes d’appropriation ou de résistance, d’intégration de l’IA en amont et en aval du processus de création ? Quelles conséquences sur le plan socio-culturel ainsi que sur les marchés d’art ?

Cela interroge entre autres le « futur » de la créativité et de l’art de raconter/recevoir les histoires ainsi que l’articulation entre médiation culturelle et médiation scientifique, la faculté de jugement et l’homogénéisation des goûts du public et de l’offre culturelle, ou encore le rapport à l’opacité, à la différence et à l’imperfection. Cela requiert l’analyse et la mise en perspective critique des discours sur l’IA portés par les différents acteurs ainsi que l’analyse des IA elles-mêmes, dans le prisme des STS (Sciences and Technology Studies). Une première distinction pourrait être opérée, par exemple, entre les cas où l’IA est un outil de création de formes déjà reconnues (films, tableaux, pièces musicales, jeux…), et les créations plus méta-autoréflexives et métaphoriques impliquant de différentes manières l’IA dans une perspective critique.

Ce groupe inclut également, et permet de développer, des questions d’histoire socio-culturelle et d’histoire des représentations (les imaginaires et les cultures de l’Internet et de l’IA), et se prête à la co-construction de passerelles avec les artistes-créateurs et d’autres acteurs de la société (incluant les publics, les ingénieurs-auteurs des algorithmes IA).

Il pourrait dès lors se développer de façon transversale et transdisciplinaire, regroupant/jouant un rôle dans plusieurs objectifs et initiatives à la fois (école d’été, conférences, création/animation d’outils d’écriture collaborative, séminaires pour les jeunes chercheur-e-s, expositions etc.) autour d’une expérience hybride de recherche-action/recherche-création collective. L’un des principaux objectifs du groupe est de donner forme à des expériences collectives « partageables » – installations, performances, jeux et autres « dispositifs » – à côté d’artistes, scénaristes, game designers et autres membres de la « société civile » (incluant les publics).

Coordination

Antoine Henry coordonne le GdT IA, art et créativité depuis 2021. Docteur en sciences de l’information et de la communication (Aix-Marseille Université, 2018), Antoine Henry est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lille (département SID) et membre de l’axe 4 de GERIICO dont la thématique est la circulation de l’information et l’organisation des connaissances. Il est aussi membre du CA de l’association savante ISKO-France. Ses travaux de recherche portent sur les questions relatives au numérique (IA, communs numériques, éthique des algorithmes), à la transformation des organisations et à l’intelligence collective.

Ksenia Ermoshina coordonne le GdT IA, art et créativité depuis 2019. Chercheuse au CNRS, membre du CIS, ses recherches sont à l’intersection des études des infrastructures, études de la surveillance, STS, sociologie politique et « usability ». Elle s’intéresse au design des applications et protocoles de chiffrement et à l’étude du marché des outils de communication chiffrée (cryptée) instantanée (messageries) et asynchronisée (clients mail). Ksenia Ermoshina explore les usages du chiffrement par les militants et journalistes, notamment dans les environnements et contextes de risque élevé. Elle s’intéresse aux problèmes de « usability » de ces outils, ainsi que, plus généralement, aux questions politiques et économiques relatives à la vie privée (privacy) et à la sécurité informatique. Elle s’intéresse également aux opérations de « contrôle d’information » (surveillance, censure) dans le contexte des conflits armés ou au sein des régimes autoritaires. Depuis l’été 2018, elle travaille au sein de l’équipe du projet Delta.Chat (messagerie instantanée sécurisée) en tant que chercheuse et designeuse UX.

Marida Di Crosta (Université Jean Moulin Lyon 3) a coordonné le GdT en 2019 et 2020.

Depuis 2021

Séminaire Intelligence artificielle, art et créativité

Le groupe de travail organise un séminaire consacré au développement et à l’usage de l’IA par des artistes, et aux critiques artistiques de l’IA. Vous trouverez ci-dessous une présentation détaillée des séances et parfois les enregistrements vidéo. En 2023, un numéro spécial autour de la thématique est prévu.

Rendez-vous le 3 octobre 2023, 15h à 17h, au CNRS, 59-61 rue Pouchet, Paris 17e en salle 255, ou en visioconférence pour une séance avec Andreu Belsunces Gonçalves, sociologue et artiste catalan. Le séminaire se déroulera en anglais.

L’intensification des fictions sociotechniques ou comment les finances, l’IA et la cryptomonnaie reconfigurent les imaginaires collectifs

L’un des principaux intérêts des STS est de comprendre la production sociale des faits en tant qu’élément fondamental de la modernité. La fiction, généralement perçue comme l’inverse des faits, occupe une place tout aussi centrale dans l’échafaudage épistémique moderne. Cependant, elle n’a pas reçu la même attention, bien que la séparation entre faits et fiction soit l’une des grandes dichotomies modernes, au même titre que les axes sujet-objet, nature-culture ou sens-matière.

Ce séminaire de recherche vise à présenter la notion de « fictions sociotechniques », définies comme des objets épistémiques, politiques et affectifs qui jettent un pont entre ce qui est institutionnellement soutenu comme un fait et le domaine imaginaire doté de l’ouverture des possibilités. Elles ne sont pas nécessairement liées à l’illusoire ou au faux, mais font partie de l’incertitude nécessaire à un nouveau projet technologique orienté vers l’avenir, car elles aident les constructions abstraites à se frayer un chemin dans la réalité matérielle.

La formation et la stabilisation du technocapitalisme financier, processus hautement prospectif, sont intimement liées à la diffusion de fictions sociotechniques. Le rôle clé des sociétés de capital-risque et des sociétés de conseil, dont les performances sont soutenues par l’utilisation d’instruments d’imagination culturelle tels que les techniques de prévision, a façonné les régimes d’imagination contemporains.

Pour comprendre comment la finance, la technologie et la fiction sont enchevêtrées dans la production de cet imaginaire, nous prêterons attention à deux phénomènes. D’une part, les actions performatives de la fiction concernant les attentes autour de l’IA, et d’autre part, comment les imaginaires crypto-financiers ont mobilisé la fiction basée sur un agenda politique néolibéral.

Sur la base de l’analyse de ces deux cas, nous explorerons l’idée de l’ingénierie de fictions sociotechniques orientées vers des transitions technopolitiques – ou en d’autres termes, dans la conception d’un imaginaire capable de produire des technologies démocratisantes.

VC Portal

The Intensification of sociotechnical fictions. Or how finances, AI and cryptocurrencies reshape collective imagination

One of the central interests in STS is to understand the social production of facts as a fundamental building block of modernity. Fiction, generally perceived as the reverse of fact, occupies an equally central place in modern epistemic scaffolding.  However, it has not been given the same attention, even though the separation between fact and fiction is one of the great modern dichotomies alongside the subject-object, nature-culture or meaning-matter axes.

This research seminar aims to present the notion of sociotechnical fictions (SF), defined as epistemic, political, and affective objects that bridge what is institutionally sustained as a fact with the imaginary realm endowed with the openness of possibility. They are not necessarily linked to the illusory or false, but are part of the necessary uncertainty involved in a new future-oriented technological project since they help abstract constructions to find their way into material reality.

The upbringing and stabilization of financial technocapitalism, a highly future-oriented process, is intimately linked to the spread of sociotechnical fictions. The key role of Venture Capital firms and consultancies, whose performance is sustained by the use of instruments of cultural imagination such as forecast techniques, has shaped contemporary imagination regimes.

To understand how finance, technology and fiction are entangled in the production of this, we will pay attention to two phenomena. On the one hand, the performative agencies of fiction concerning expectations around AI, and on the other, how crypto-financial imaginaries have mobilized fiction based on a neoliberal political agenda.

Based on the analysis of these two cases, we will explore the idea of engineering sociotechnical fictions oriented towards technopolitical transitions – or in other words, in the design of an imagination capable of producing democratising technologies.

Le séminaire IA, art et créativité a reçu Carla Marand le mardi 18 avril 2023 à 15h à Paris 17e, et en visioconférence.

Installation vidéo de Justine Emard

Carla Marand est doctorante à Sciences Po et ingénieure de recherche au sein du projet ANR CulturIA. Commencée en octobre 2020 au Centre d’Histoire de Sciences Po, sa thèse de doctorat interroge le témoignage qu’offrent les arts visuels qui utilisent des intelligences artificielles pour étudier les normes qui régissent l’expression émotionnelle. Elle propose de s’appuyer sur l’art contemporain pour écrire l’histoire des émotions d’une époque bouleversée par le développement des nouvelles technologies.

Crédit image : Justine Emard, Co(AI)xistence, 2017, installation vidéo.

Le séminaire IA, art et créativité a reçu Alexandra Bensamoun (Université Paris-Saclay), le 21 mars 2023, de 15h à 16h30.

Crédit image : Jason M. Allen, générée par Midjourney.

L’IA a inondé le monde de la culture provoquant des inquiétudes majeures dont les médias se font largement l’écho. Comment appréhender, en amont, les contenus qui servent de base d’inspiration à l’IA, jusqu’à même créer « à la manière de » ? Comment qualifier, en aval, les productions artistiques générées par une IA ? Le droit est-il apte à appréhender ces nouveaux usages ?

Professeure de droit privé et sciences criminelles à l’Université Paris-Saclay, où elle a créé et dirige le Master 2/LLM « Propriété intellectuelle fondamentale et technologies numériques », en co-diplomation avec l’Université Laval (Québec) et avec l’Université autonome de Madrid (Espagne), Alexandra Bensamoun est spécialiste de droit de la propriété intellectuelle et de droit du numérique. Nommée « personnalité qualifiée » au CSPLA (Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, ministère de la Culture français), où elle a conduit plusieurs missions – notamment sur la responsabilité des intermédiaires techniques, sur le droit de communication au public, sur l’intelligence artificielle et la culture ou encore sur la fouille de textes et de données –, elle est également experte pour l’Unesco sur la Convention de 2005 sur la diversité des expressions culturelles. Elle est l’autrice de nombreuses recherches individuelles ou collectives, notamment un Traité sur le droit de l’intelligence artificielle. Investie dans les réseaux de recherche, elle est vice-présidente de la branche française de l’ALAI (et membre du comité exécutif de l’association internationale), chercheuse associée à l’OBVIA et membre du comité exécutif de l’Institut DATAIA de l’Université Paris-Saclay.

Le séminaire IA, art et créativité a reçu Lilyana V. Petrova et Sylvain Reynal, artistes-chercheur·euses (ETIS – CNRS/ENSEA/CY Univ.), le 6 décembre 2022, de 15h à 16h30, à Paris et en visioconférence.

Crédit image : ParcoursCommobile, Lilyana V. Petrova, œuvre sous licence CC BY 3.0

Intelligence interstitielle : entre IA et création, l’interstice comme modalité de la recherche

La question de l’artifice habite l’art depuis la nuit des temps. L’artifice est l’habileté de naviguer au sein du réel par le déguisement et la tromperie, ce procédé d’imitation inventé pour créer l’illusion de la réalité. Or c’est ce même terme qui a été choisi pour parler de l’intelligence computationnelle, qui trace le portrait de la réalité, par accumulation, ordonnance, calcul et approximation. Paradoxe de notre pensée contemporaine, avec l’IA l’artifice est devenu pour la science une manière de mieux (pré)voir et pour l’art, une manière de (re)voir son antonyme : le réel. Partant, nous proposons de penser l’IA à travers ses deux versants : l’acte scientifique et l’acte créatif.

  • À quel endroit se situe la qualité scientifique de l’IA ? L’accumulation d’une donnée dénudée de contexte, de corps et d’affects peut-elle représenter un phénomène et soutenir la construction de modèles, de prédictions, de simulations ? Toujours dans ce décalage entre artifice et sincérité, que se passerait-il si la démarche scientifique empruntait la voie médiane : une ligne de jonction, de rencontre, de dépassement du vide ; un interligne qui remplit sa fonction sémantique et qui trace une lame de sens pour la recherche ?
  • À quel endroit se situe la qualité créative de l’IA ? À l’aune de sa capacité à produire une œuvre qui ne puisse être distinguée d’une production humaine, dans une forme de généralisation du test de Turing qui, en somme, dirait la vérité sur la valeur de l’art ? Face à une telle « métrique » dont le destin pourrait bien être d’uniformiser par passage à l’échelle la production artistique en protocolisant l’acte créatif, qu’advient-il de la responsabilité de l’un pour l’autre, du « chemin vers l’autre »1 dont se soutiennent la poésie et l’art ?

Nous nous proposons ici d’interroger l’articulation entre IA et créativité en l’envisageant depuis la perspective topologique d’un cheminement interstitiel : un cheminement dans un espace qui se glisse ou s’intercale à l’intérieur d’autre chose – en l’occurrence un espace de modèles statistiques – ouvre une ligne de frontière, de fracture ou de déchirement, une ligne de trouble qui porte en elle une historicité dont nous faisons l’hypothèse qu’elle fonde l’acte créatif. À travers plusieurs exemples de projets de recherches, de recherche-création et d’œuvres d’art, nous proposerons l’hypothèse d’une intelligence interstitielle comme modalité pour la création et pour la recherche.

Crédit image : Sylvain Reynal

1 Byung-Chul Han, L’expulsion de l’autre. Société, perception et communication contemporaines, trad. par Olivier Mannoni, Paris, PUF, 2020.

Le séminaire IA, art et créativité a reçu Manuel Beltrán le 27 septembre 2022, de 15h à 16h30, à Paris et en visioconférence.

Manuel Beltrán est un artiste et chercheur espagnol actuellement basé en Inde qui explore les rapports de l’humain et des technologies. Il a analysé le futur du travail et comment cela est conditionné par les avancées en IA, en fondant l’Institut d’Obsolescence Humaine (Institute of Human Obsolescence).

Crédit image : Persuasion Lab, Manuel Beltrán

Il a exploré la production de données comme une forme de travail par une série d’installations intitulée ‘Data Production Labour‘.

Cette œuvre analyse comment la production de données est actuellement exploitée par des monopolistes numériques et comment ces infrastructures extractivistes sont utilisées dans le développement des technologies d’intelligence artificielle. Par le biais des initiatives comme « Data Workers Union« , Manuel construit des imaginaires potentiels pour une organisation politique autour du travail non-valorisé par l’économie numérique.

En 2020, Manuel a co-fondé Persuasion Lab, une organisation qui étudie les nouveaux paradigmes d’influence et propagande à l’intersection du capital et de la quantification/computation. Le travail de Persuasion Lab est focalisé sur la collecte, la visualisation et le partage de données sur les publicités politiques sur les réseaux sociaux. Ces recherches ont pris forme de plusieurs expositions et installations artistiques, conférences et interventions.

Dans sa présentation à notre séminaire, Manuel va introduire plusieurs éléments clés de sa recherche doctorale à Bangalore (Inde), où il examine les cultures visuelles et les infrastructures computationnelles de publicité. Il va partager ses dernières expérimentations et résultats préliminaires issus de l’analyse des corpus de données de publicité politique, constitués par Persuasion Lab, ainsi que les outils et les méthodes qu’il a développés pour interroger ces corpus.

Le séminaire Intelligence artificielle, art et créativité reçoit Alexey Popov et Tatiana Zobnina le 29 juin 2021, de 15h à 16h30, en ligne.

Ces deux artistes russes utilisent les réseaux neuronaux dans leurs travaux. L’objectif de cette rencontre très particulière est non seulement de faire connaissance de leurs œuvres, mais aussi d’avoir un débat sur la place de l’IA dans le contexte russe, afin de saisir la « culture russe de l’IA », qui se développe malgré le contexte autoritaire et la régulation de plus en plus stricte des innovations techniques.

La première présentation, faite par Alexey Popov, s’intitule « Dessiner à l’aide des biais : explorer les espaces du réseau OpenAI CLIP ». Alexey est membre du projet Kiberchaika, artiste, développeur. Il explore l’usage des biais intégrés dans certains algorithmes comme moyens d’expression artistique.

Crédit image : Alexey Popov

La deuxième présentation, faite par Tatiana Zobnina, s’intitule « Réseaux neuronaux artificiels pour la génération des sons et œuvres musicales ». Tatiana est ingénieure, musicienne, chercheuse, membre du collectif artistique MLArt. Après avoir présenté ses œuvres, elle a fait une introduction critique de l’état de l’art des réseaux neuronaux dans la création musicale.

Filipe Vilas-Boas est un artiste né au Portugal en 1981. Il vit et travaille à Paris. Artiste conceptuel jouant de la porosité entre les mondes IRL et URL, ses créations combinent récupération, détournement et nouveaux médias. Sans tomber dans l’écueil de la technophilie naïve, ni dans la technophobie, il nous interroge collectivement sur nos pratiques numériques et ses implications éthiques et esthétiques.

Artiste autodidacte, sa pratique a débuté en 2008 avec des interventions dans l’espace public, parallèlement à sa première activité de designer. La même année, il commence à exposer entre autres à la FIT Freie Internationale Tankstelle à Berlin. Dès 2014, il participe à Nuit Blanche avec une voûte céleste interactive au sein de l’église Saint-Eustache. En 2015, il présente sa première exposition personnelle à la galerie Flaq à Paris et participe au Musée Passager. Son travail a été souligné au sein des deux dernières éditions du livre Portuguese Emerging Art 2018 et 2019. Il expose aujourd’hui régulièrement ses œuvres en France et à l’international.

Dernièrement, ses installations, vidéos et performances ont été mises à l’honneur dans divers événements artistiques et numériques, dont la Conférence internationale sur l’intelligence artificielle à l’Unesco, la Semaine de la langue française et de la francophonie au ministère de la Culture, la Biennale Siana, la Biennale Némo au CENTQUATRE, à la galerie Zaratan, au MAAT Museum à Lisbonne et plus récemment au Tate Modern à Londres.

Dans sa présentation, Filipe Vilas-Boas partagera avec nous les usages et les critiques qu’il a développés à travers des projets déjà réalisés ou en cours de réalisation.

© Sylvia Fredriksson

Artiste et chercheuse russe, Helena Nikonole mobilise l’intelligence artificielle dans ses travaux, à la fois comme instrument, mais également comme objet d’une critique sociale et politique, dans un contexte de régulation de plus en plus stricte des innovations numériques en Russie.

Dans sa présentation, Helena Nikonole partagera avec nous des extraits de ses projets artistiques et proposera trois façons d’appréhender les réseaux neuronaux dans l’art : esthétique, utopique et dystopique.

La première approche est focalisée sur l’esthétique propre à l’IA, l’imaginaire qu’elle produit ; la deuxième approche explore les opportunités sans précédent offertes par cette technologie ; la troisième approche développe un regard critique sur cette technologie, notamment en dévoilant des nombreuses controverses éthiques liées à l’implémentation des pratiques créatives basées sur l’IA.

Crédit image : Helena Nikonole

Obvious est un collectif d’artistes qui travaille avec de l’intelligence artificielle pour la création visuelle. Après une entrée fracassante dans le monde de l’art, avec le premier tableau créé à l’aide d’une IA vendu dans une grande maison de vente aux enchères, Obvious continue d’explorer la créativité algorithmique en interprétant différents mouvements d’arts emblématiques (Ukiyo-e, Masques africains, Art pariétal et street art), tout en démocratisant l’usage d’algorithmes dans les processus créatifs en général.

La présentation des diverses œuvres du collectif Obvious sera discutée par Antoine Henry (Université de Lille, GERiiCO). Tout au long de la séance, vous pourrez poser vos questions à nos invités.

Crédit image : Obvious

Philippe Esling et Ninon Devis sont chercheurs à l’Ircam, laboratoire STMS (UMR 9912 CNRS, Sorbonne Université, Ircam, ministère de la Culture), membres du projet ACIDS (Artificial Creative Intelligence and Data Science).

L’objectif du projet est de modéliser la créativité musicale en développant des modèles d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine innovants et de fournir des outils d’exploration intuitive de la créativité.

Le projet fournit une ample activité théorique, de modélisation et d’expérimentation d’outils.

Dans le cadre de cette séance, nous allons pouvoir découvrir les divers projets de l’équipe ACIDS et entendre quelques œuvres composées à l’aide de l’intelligence artificielle.

Mais le cœur de la séance sera consacrée au papier co-édité par Ninon Devis et Philippe Esling, “Creativity in the Era of Artificial Intelligence” qui propose un angle théorique intéressant sur un nombre de questions centrales à l’étude de la créativité artificielle.

Crédit image : ACIDS

Nous proposons à tous les inscrits au séminaire de prendre connaissance du texte et de préparer vos questions pour nos deux intervenants. Le papier en open access est accessible à https://arxiv.org/pdf/2008.05959.pdf.

2019 et 2020

Projet de recherche « Designing ScriptRIGHTS! Towards the development of an open-source AI toolkit for scriptwriting short films »

Déposé en 2020 par Marida Di Crosta, avec l’assistance de Ksenia Ermoshina, ce projet a obtenu un financement du Center for Advanced Internet Studies (CAIS), mais n’a pu être réalisé en raison de la pandémie de Covid-19.

Résumé

Designing ScriptRIGHTS! is a working group that reunites five researchers from the fields of Transmedia Narratology, Digital Arts, Film and Media Studies, STS and Law – all connected to the “AI, Art and Creativity” research group of the Centre for Internet and Society in Paris – with a group of artists and software developers from different countries. Pursuing the practical project of creating an AI prototype, our multi-disciplinary group has two correlated goals. First, it aims to elaborate a detailed Design Document allowing the future development of ScriptRIGHTS! , an open-source AI toolkit dedicated to scriptwriting (short films). Secondly, drawing on two collaborative working sessions, the group intends to prepare a research project proposal based on ScriptRIGHTS! to apply to the upcoming European Union research funding programmes (i. e. ERC Grants). Algorithms are increasingly used in audio-visual productions to automate editing and video creation and even to write whole screenplays – enabling the construction and transmission of data-driven narratives and representations. Despite this widespread use, research is still rather scarce concerning creative, cultural, social and anthropological implications of these practices. Developed for educational purposes, ScriptRIGHTS! is designed to question the risks and contributions of AI technologies within the frame of a particular set of creative activities. By incorporating human and machine as co-creators, it examines some of the ways AI challenges and modifies scriptwriting practices.

ScriptRIGHTS! uses machine-learning, neuronal networks, and long short-term memory to enhance our understanding of relations between knowledge and narrative skills, script analysis and procedural authoring. It draws on traditional scriptwriting techniques, integrating “formulaic” data-driven storytelling to create short films. The working group will establish the project’ specifications and set up the development of a creative AI tool accessible to students and teachers, artists and researchers as well as to a broader audience of film lovers.

Financement

Ce projet a obtenu un financement du Center for Advanced Internet Studies (CAIS), situé en Allemagne.

Partenaires

Porté par Marida Di Crosta (Université Lyon 3, MARGE) et Ksenia Ermoshina (CNRS-CIS), ce projet a finalement été annulé en raison de la pandémie de Covid-19.

Autres activités

Ksenia Ermoshina et Marida Di Crosta ont participé à l’élaboration du programme scientifique du colloque international IA Fictions, qui s’est déroulé en juin 2021. 

En septembre 2020, le GdT a contribué à la réunion plénière des Journées du CIS, avec proposition de co-construction au sein du GdT d’une base de données des œuvres co-créées par IA ou mobilisant l’IA comme leur objet critique.