Data localization as contested and narrated security in the age of digital sovereignty: the case of Switzerland

Samuele Fratini, Francesca Musiani, 2024, “Data localization as contested and narrated security in the age of digital sovereignty: the case of Switzerland”, Information, Communication and Society. Published online first: 17 Jun 2024, doi: 10.1080/1369118X.2024.2362302. Full text hal-04616397.

Résumé

La construction et les effets sur les frontières nationales sont devenus des sujets centraux dans les débats publics et universitaires sur la souveraineté numérique. Les acteurs étatiques et non étatiques considèrent de plus en plus les juridictions et les structures de gouvernance traditionnelles comme des moyens de capturer et de réguler les flux de données numériques. Cet article se penche sur le phénomène complexe de la « localisation des données », en le conceptualisant comme un assemblage socio-technique reflétant l’évolution des attentes concernant l’architecture Internet et les frontières nationales. En interrogeant les utilisateurs de Threema – une application de messagerie sécurisée suisse – cette étude dévoile les pratiques de localisation des données comme une boîte noire hybride, entremêlant changements techniques, discours politiques, imaginaires socio-techniques et normes sociales changeantes. En nous appuyant sur le domaine des études sociales des sciences et des techniques, nous mobilisons les outils analytiques de la controverse et du discours pour mettre en évidence la localisation des données comme lieu de contestation politique en Suisse, où les imaginaires des frontières nationales sont souvent mobilisés pour symboliser la sécurité et la fiabilité. L’article apporte trois contributions clés au discours sur la souveraineté, la fragmentation et la gouvernance numériques. Premièrement, il plaide en faveur de l’utilité des études sociales des sciences et des techniques pour comprendre la gouvernance de l’Internet, en soulignant la nécessité d’analyses ancrées dans des contextes socio-techniques spécifiques. Deuxièmement, il plaide en faveur d’une perspective sociale sur la souveraineté numérique, mettant l’accent sur l’action des utilisateurs, les mouvements sociaux et l’action collective comme facteurs cruciaux façonnant la gouvernance des flux de données. Enfin, l’article met en lumière le recours des utilisateurs aux juridictions étatiques pour renforcer le contrôle des flux de données, en explorant la mobilisation discursive des frontières nationales dans l’espace public numérique.

Mots-clés : localisation de données ; infrastructures numériques ; souveraineté numérique ; messages sécurisés ; études scientifiques et technologiques ; Suisse.