Numérique et mines urbaines : approches par le faire décolonial

Cette journée d’étude, incluant conférences, visite du fablab et démonstration de réparations-créations, s’est tenue le 13 mars 2024, 13h30 à 18h, au FablabSU, 4 place Jussieu, Paris 5e, Bâtiment Esclangon, niveau Jussieu. Entrée libre, gratuite, sans inscription.

Cet évènement est co-organisé dans le cadre de l’Observatoire de l’IRCAV-Paris Sorbonne Nouvelle, du groupe de travail Politiques environnementales du numérique du GDR Internet, IA et Société et du FablabSU.

Présentation

Le numérique – à contrario de la mythologie de l’immatériel – possède bel et bien une empreinte matérielle considérable et à ce à tous les stades de son industrie. Selon le récent rapport « Pour un numérique soutenable » (2022) de l’agence de la transition écologique (Ademe) et de l’autorité de régulation (Arcep), 62,5 millions de tonnes de ressources sont utilisés pour fabriquer et utiliser les équipements terminaux et 20 millions de déchets sont produits par an sur l’ensemble du cycle de vie. Ces innombrables déchets s’entassent dans des décharges, légales ou illégales, en attente de suivre les parcours officiels ou officieux du recyclage, formant ainsi de gigantesques « mines urbaines », réserves de ressources déjà extraites et proliférantes dans l’anthropocène. Extraire des métaux comme entreposer et retraiter des déchets électroniques sont autant d’activités écocidaires polluant l’air, les sols, les nappes phréatiques, et soulevant des conflits de justice environnementale de par le monde. La grande accélération du numérique intensifie l’ampleur et la violence de ces opérations.

Tout en rendant compte de ces dramatiques dommages et préjudices, cette journée a pour ambition d’éviter l’ornière dans laquelle tombe trop souvent les descriptions des mines et des mines urbaines : celle de récits apocalyptiques dénuant de capacité d’agir les personnes concernées et produisant des discours misérabilistes et déshumanisant. Il s’agit, au contraire, de donner la parole à des associatifs, des artistes, des designers, des architectes, des réparateurs et des chercheur·euses mobilisé·es sur les terrains post-coloniaux des mines au Congo RDC, des déchetteries d’Accra au Ghana ou des repair cafés de quartier et tiers-lieux artistiques en région. Cette journée s’inscrit résolument dans la perspective de ressaisir des enjeux globaux mais aussi de visibiliser des dynamiques situées portées par des collectifs, souvent fragiles, qui travaillent quotidiennement à ouvrir de nouveaux possibles et fermer des futurs obsolètes.

Programme

13h30 à 14h20
Présentation de la journée par Laurence Allard, MCF (IRCAV-Paris Sorbonne Nouvelle), Clément Marquet (chargé d’enseignement et de recherche, Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris – PSL, i3) et Sophie Quinton (CR Inria Grenoble), coordinateur·rices du GdT « Politiques environnementales du numérique » (GDR CNRS 2091) et visite du FablabSU par Christian Simon (MCF-HDR Chimie, Sorbonne Université, co-fondateur du FablabSU)

14h20 à 15h
« Mines urbaines et Fablabs : perspectives géo-chimiques, opportunités et difficultés du recyclage. Le cas de l’informatique et des plastiques », Christian Simon (MCF HDR Chimie, Sorbonne Université, co-fondateur du FablabSU)

15h à 15h40
« Leçons d’Agbogbloshie, Accra, Ghana », Yasmine Abbas (Assistant Teaching Professor, Immersive Environments Lab Director, The Pennsylvania State University, Stuckeman School of Architecture and Landscape Architecture)

15h40 à 16h10
« Pour un numérique décolonial », David Maenda Kikhoto (fondateur de l’association Génération Lumière)

16h10 à 17h
« Tech mining by Recyclism », Benjamin Gaulon (artiste, enseignant, cultural producer, Paris College of Art, NØ SCHOOL NEVERS)

17h à 17h30
Introduction-démonstration d’urban digging, Djafaar Amzal (Créalab, Vitry)

17h30 à 18h
Discussion générale et conclusion de la journée